La mise en place d’une démarche de mobilité durable semble pertinente à toute entreprise considérant la RSE.
L’enjeu de la mobilité durable sera de trouver l’équilibre entre l’économique, l’écologique et l’humain (confort du voyageur notamment). Mais le défi de la mise en place sera l’acceptation du changement, notamment culturel. Comme pour tout changement, l’humain est alors clé.
Alors comment impliquer les collaborateurs impactés, dans une démarche de mobilité d’affaire durable ?
Les entreprises ont d’ores et déjà identifié la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) comme un sujet à considérer, une démarche à adopter. La RSE, qui se définit comme la prise en compte, par les entreprises, des enjeux, environnementaux, sociaux, économiques et éthiques dans leurs activités, présente des opportunités telles que l’attractivité des jeunes talents, la stimulation de l’innovation, l’amélioration de l’image de marque.
Certaines sociétés préfèrent d’ailleurs utiliser la notion de « création de valeur partagée » afin de mettre en avant les avantages de cette démarche pour les parties prenantes, que sont notamment les collaborateurs et dans le cadre du déplacement, les voyageurs.
La mise en place d’une démarche de mobilité durable semble donc pertinente à toute entreprise considérant la RSE.
Cependant,
76 % des entreprises interrogées par SAP Concur sont conscientes de la nécessité d’apporter des changements en matière de durabilité des voyages d’affaires, seulement 17 % sont sûres de le faire avec succès. (Etude SAP Concur)
L’enjeu de la mobilité durable sera de trouver l’équilibre entre l’économique, l’écologique et l’humain (confort du voyageur notamment). Mais le défi de la mise en place sera l’acceptation du changement, notamment culturel. Comme pour tout changement, l’humain est alors clé. Alors comment impliquer les collaborateurs impactés, dans une démarche de mobilité d’affaire durable ?
Comment le voyageur peut-il accepter de séjourner dans d’autres hôtels que ceux qu’il affectionne, de prendre le train et non l’avion, au détriment de son cumul de miles, ou de finalement renoncer au déplacement alors qu’il apprécie la mobilité ?
43% des voyageurs d’affaires français admettant des écarts vis-à-vis de la politique voyage d’entreprise, avancent comme justification le fait qu’ils n’aient pas été consultés (Etude complète ici). Sans implication des voyageurs, peu de chances de changements durables.
La solution semble alors simple : sûrement en s’appropriant la démarche RSE, pour accepter au mieux les éventuels efforts (confort, changement d’habitudes etc…). La mobilisation des voyageurs et utilisateurs passera forcément par la compréhension et l’appropriation des enjeux, afin d’obtenir une meilleure adhésion. L’AFTM (Association Française des Travel Managers) parle alors de la notion de Responsabilité Sociétale du Voyageur (https://www.aftm.fr/livre-blanc-2020-rse-mobilite-affaire), qui implique de lui donner toute l’information nécessaire sur les conséquences de son déplacement, afin de l’aider dans sa prise de décision, pour un comportement plus responsable. Il s’agirait par exemple de l’informer de l’empreinte carbone de son voyage au moment de la réservation.
Pour promouvoir le train sur Paris-Bordeaux, nous avons effectué un comparatif empreinte carbone, temps de trajet, confort, sur le déplacement de bout en bout, à destination de nos collaborateurs. La démarche a été un succès, permettant d’atteindre les objectifs fixés dans la stratégie », Charlotte Kilfiger, achats Travel et MICE, Thales.
Quelles sont les bonnes raisons d’impliquer le voyageur dans une démarche RSE ? Une mise à jour de la politique voyages imposée ferait l’affaire plus rapidement, pourraient dire certains.
Ne perdons pas de vue que le collaborateur voyageur est une mine d’or de bonnes pratiques glanées pendant ses déplacements. L’utilisation de son retour terrain apportera énormément au plan de mobilité durable. D’une part, des idées d’actions, de fournisseurs innovants, d’autre part une garantie de la pertinence du plan de mobilité d’affaires, qui prendra en considération l’utilisateur, ses besoins, ses contraintes. Et de ça, une garantie du succès de la stratégie.
Allons plus loin, une organisation impliquant ses collaborateurs dans les discussions autour de la durabilité peut aider à développer un sentiment d’appartenance et de fierté en cette démarche. Les collaborateurs sont les premiers ambassadeurs de l’entreprise. Mieux ils sont informés sur la RSE, plus ils sont efficaces pour communiquer sur ces activités. Et ce en interne, relayant et assurant l’adhésion du plus grand nombre, mais aussi à l’extérieur. En effet, au travers de leurs partages sur les réseaux sociaux, de leurs échanges avec leurs contacts professionnels ou personnels, le message est diffusé par un canal considéré crédible par le grand public.
Le voyageur est donc clé dans une démarche de mobilité d’affaires durable. Il faudra toutefois l’impliquer au bon moment, lorsque la démarche est déjà lancée et que les objectifs sont clairs. Le principe de co-construction, en mode projet, peut être mis en place. Il ne s’agira pas de faire rédiger la stratégie aux utilisateurs mais bien de les impliquer dans les brainstormes avec les représentants des services concernés, les interroger sur leur expérience, leurs attentes/besoins. Il n’est pas rare, pour faire adhérer au changement, de voir la mise en place d’un système de reward. Le collaborateur se pliant aux nouvelles mesures se voit alors récompenser par un trophée, un cadeau matériel ou monétaire, des félicitations etc… Ce n’est toutefois pas une solution pérenne, puisqu’elle n’est pas suffisante pour que les utilisateurs/voyageurs consentent, à long terme, aux éventuels efforts que le plan RSE demande, dans le but de satisfaire ceux qui en ont décidé seuls, mais elle peut initier l’impulsion. Il est donc nécessaire d’obtenir l’adhésion et l’implication des collaborateurs, par une appropriation de la politique RSE. Mettre les parties prenantes autour d’une table est à la fois très fédérateur et très puissant pour une meilleure appropriation du sujet.
Grâce à l’implication des utilisateurs/voyageurs, les enjeux d’une démarche de mobilité durable sont bien compris par les acteurs. La volonté et l’engagement sont bien là. Cependant, la mise en application peut nécessiter un fort accompagnement au changement puisque cela nécessite une modification de comportements, d’habitudes et parfois de culture. C’est pourquoi, ce projet doit être fortement soutenu par la direction.
Cet article a été écrit par
Emilie Cade et Amélie Berruex